L’occupation, outil et orientation
En Pays Basque Nord, alors que la problématique de l’accaparement des terres et du logement refait impitoyablement surface, deux événements nous ont marqué-es cet été : les occupations de Berrueta à Arbonne et de Davidenia à Hasparren.
Ces deux initiatives, en plus de remettre le thème de l’occupation sur la place publique, ont fait bouger des environnements divers. Elles ont recréé de la solidarité, de la collectivité et de l’espoir, intensément, de manière large et dans une atmosphère de liberté. Ceux et celles qui se sont impliqués à Arbonne et Hasparren savent mieux maintenant quels sont les potentiels et les limites de leurs démarches et, concernant les revendications, où se situent concrètement les rapports de force. C’est l’heure des bilans : les obtentions, les pertes et l’accumulation d’expériences nous apportent de la matière pour mieux cerner ce type d’actions.
De plus, ces occupations ne se sont pas tenues au milieu d’un désert. Des dynamiques populaires pour faire face à la spéculation (et à la sacro-sainte propriété privée) se structurent ici et là. Avec qui, quels moyens/recours et jusqu’où aller ? Afin de continuer, nous avons là-aussi des éléments pour partager des manières d’agir et des perspectives. Plus précisément, pour faire naître et articuler un réseau dont l’un de ses axes serait de soutenir et d’impulser des occupations, pour renforcer ce qui a été entamé et se projeter sur du long terme.
Pourquoi ce projet complémentaire ? N’y a t-il pas déjà assez de groupes qui ont pour axe le foncier et le logement ? L’exercice peut paraître vertigineux : se rencontrer et fixer des bases communes, agir avec mesure et respect, ne pas se perdre dans des désaccords et des lassitudes… La réussite d’une action dépend énormément de sa préparation. Donc, il va falloir jouer finement et avec calme, sans tomber dans des rêveries ni se dévaloriser. Dans les années à venir, la terre et le logement seront des sujets centraux en Pays Basque Nord et dans cette nouvelle phase, ceux et celles qui voulons impulser l’action directe avons du pain sur la planche, en prenant soin des capacités, de la diversité et de la cohésion.
Quelles pourraient-être les caractéristiques d’un tel projet ? Pour contribuer au débat, voici trois propositions. D’abord, à travers la mise en lien de collectifs en lutte, former un réseau horizontal en Pays Basque Nord, sans être dépendant des stratégies de structures ou d’organisations et avec la compétence pour décider des axes de manière autonome. Ensuite, faire pousser un levier pour développer des résistances multiples, des alternatives et des espaces de vivre-ensemble. Pour finir, un lieu de réflexion qui remette en cause le capitalisme et le système dominant, sans détours.
Chaque village et situation a ses particularités, il ne s’agirait pas de se substituer aux autres, ni de faire vivoter une coquille vide. En revanche, voir où nous en sommes et vers où nous voulons aller, pour savoir si nous voulons nous coordonner et nous entraider à l’avenir. Les prochaines semaines et mois nous montrerons sans doute mieux où en sont les énergies et les envies. Entre temps, faisons l’effort, car l’occupation est un outil et une orientation pour aller de l’avant !